28/07/14

Un an déjà !

Birthday chocolate cupcake, sweet dessert with whipped cream
Il y a un an à cette heure-là, nous prenions l’avion à Rennes direction New York (avec escale à Paris) avec un mélange de boule de la gorge / larmes dans les yeux de quitter notre famille pour partir si loin, et d’excitation pour cette nouvelle aventure qui s’ouvrait à nous.

Entre le moment où nous avons appris notre sélection à la lottery et celui où nous avons commencé à nous sentir vraiment chez nous à New York, nous avons vécu l’enchainement des évènements au jour le jour, sans nous projeter ni dans le passé (il y avait déjà bien assez à faire avec le futur), ni dans le futur (il y avait déjà bien assez à faire avec le présent, en fait).

Maintenant que la routine est parfaitement (ou presque) installée, j’ai oublié tous ces petits détails qui nous ont occupés/surbookés/pris la tête/amusés (ça dépend lesquels) mais bon ce n’est pas grave, j’ai à peu près tout archivé dans mon blog. Les petits détails ont fait place à une vision beaucoup plus globale de toute cette préparation et de cette phase d’installation. J’avais dans l’idée, l’an dernier, de noter toutes les questions que je me posais afin de venir y répondre aujourd’hui et de partager cette conversion de mon moi du passé avec mon moi du présent avec vous. Sauf que mon moi du passé a eu la flemme de faire cette liste. Ce n’est pas grave, je vais essayer de me remémorer mes interrogations/doutes de l’époque pour y répondre quand même !

Hop, voilà une liste, en vrac, dans l’ordre dans lequel ça me vient :

  • Est-ce qu’on va réussir à trouver un travail ?
  • Est-ce que les enfants vont s’adapter facilement à tous ces changements ?
  • Est-ce que c’est vrai que les gens n’ont que 10 jours de congés payés ici ?
  • Est-ce qu’on ne risque pas de se faire avoir sur la négociation du salaire ?
  • Comment est-ce que je vais m’en sortir professionnellement, vu que c’est un boulot où la communication orale joue un rôle clé ?
  • Quelles sont les équivalences des médicaments que nous utilisons en France ?
  • Est-ce qu’on va se faire des amis ?
  • Est-ce que les enfants seront rapidement bilingues ?
  • Et moi, quand est-ce que je me sentirai parfaitement à l’aise en anglais ?
  • Quels produits de consommation courante est-ce que je n’arriverai à pas trouver là-bas ?
  • Et maintenant les réponses :

    Est-ce qu’on va réussir à trouver un travail ?

    C’est quand même la principale question qu’on se posait. Déjà parce que beaucoup de personnes nous prenaient un peu pour des cinglés de démissionner de nos postes en France sans rien derrière à une période où le chômage s’accroît de façon inquiétante. Aussi parce que bien qu’ayant un très bon niveau d’anglais à l’écrit, la partie orale ce n’était pas franchement ça…

    Finalement, nous avons trouvé tous les deux un emploi très facilement. Bon certes, il y a eu quelques moments – assez courts malgré tout – de découragement après des entretiens catastrophiques (mes réponses alternant entre « I don’t understand », « I don’t know » ou encore « I know but I don’t find the word I am looking for » avec un accent français bien pourri). Mais globablement, à partir du moment où je me suis mise sérieusement en recherche d’emploi, j’ai eu des entretiens téléphoniques presque tous les jours avec des recruteurs et plusieurs fois par semaine avec leurs clients. En moins de deux mois j’avais signé mon premier contrat américain (bon en fait mon deuxième parce que j’en avais signé un en 2001, mais c’est hors sujet)

    Est-ce que les enfants vont s’adapter facilement à tous ces changements ?

    Je vous avoue que le tout premier mois ici a été un enfer ! J’étais paumée, les enfants aussi, ce qui donne des petits en recherche de limites avec des parents qui manquent de patience ; la combinaison parfaite…

    Ensuite, il y a eu la rentrée scolaire et j’ai soufflé un bon coup ! Enfin, pas si longtemps, parce que les enfants ont été assez perturbés de ne pas comprendre les autres dans la classe. Ça n’a pas été facile du tout, en fait…

    Et puis la semaine avec 5 jours d’école, il a fallu le temps de s’y habituer… 5 jours de suite à lever les enfants à 7h… et puis ici, il n’y a pas de vacances à la Toussaint alors ils ont cumulé la fatigue (malgré leur heure du coucher qu’on a progressivement ramenée à 18h30) jusque fin décembre. Franchement, je ne les avais jamais vu crevés à ce point-là. Et pour ceux qui ne savent pas, les enfants crevés, non ça ne fait pas plus la sieste, par contre ça cumule les bêtises (pour rester polie) à la place.

    Parallèlement à ça, Buzz en particulier a eu un énorme mal du pays à partir de mi-novembre. Ses petits copains français parlaient de leurs grands-parents qui venaient à Noël et Buzz me parlait tous les jours de son envie de rentrer en France, retrouver ses grands-parents, ses tontons/tatas, ses cousins, son ancienne école, ses anciens copains, son ancienne maison… Pendant 3 bonnes semaines, il était très mal, envahis d’un tas d’émotions difficiles qu’il n’arrivait pas à exprimer et à gérer (j’ai eu beaucoup de mal à l’aider, surtout qu’il me l’a transmis et j’ai fait ma petite dépression aussi dans les semaines autour de Noël).

    Bref, tout le monde dit que les enfants s’adaptent mieux que les adultes, et franchement… euh… non… en tout cas pas pour ça.

    Est-ce que c’est vrai que les gens n’ont que 10 jours de congés payés ici ?

    Ça dépend… J’en connais qui ont plus (5, 6 voire 8 semaines), j’en connais qui ont moins (rien). En fonction du statut (contrat permanent/contrat à durée déterminée/autre), du type d’entreprise, de l’ancienneté, du poste occupé, de je-sais-pas-quoi-encore, et de ce qu’on négocie, ça varie énormément.

    En temps que contractor (j’ai un statut un peu entre le free-lance et l’interim, je dirais), je n’ai aucun congé payé. Je suis payée pour chaque heure que je fais pour une base de 40h par semaine, et voilà. Ce n’est pas grave ; ça ne m’empêche pas de prendre des jours sans solde. Sur 2014, en comptant mes congés d’été, j’en suis à 20 jours (bon, par contre, je pense que c’est fini pour l’année, parce que ça commence à perturber ma hiérarchie qui a eu du mal à me valider mes 3 semaines du mois d’août).

    Est-ce qu’on ne risque pas de se faire avoir sur la négociation du salaire ?

    En fait non, mon salaire horaire est à peu près le même que mes collègues. Par contre, là où je me suis fait avoir, c’est que je sais que certains collègues sont payés pendant les jours fériés alors que moi pas. Je n’avais pas pensé à négocier ça… Note pour la prochaine fois…

    Comment est-ce que je vais m’en sortir professionnellement, vu que c’est un boulot où la communication orale joue un rôle clé ?

    En fait, c’est marrant : autant j’ai trouvé mes entretiens vraiment laborieux, tout comme l’ensemble des conversations de la vie courante, autant je n’ai eu absolument aucun problème au niveau professionnel !!

    Pour ce qui est de la compréhension des autres, j’ai tout compris dès le départ. Finalement, discuter d’un sujet professionnel fait appel à un vocabulaire plus restreint et auquel on s’attend. Ma seule difficulté était mon incapacité à prendre des notes tout en écoutant quelqu’un parler, mais c’est venu assez vite malgré tout.

    En ce qui concerne mes interventions à l’oral, c’est vrai que les premiers mois j’avais beaucoup de mal à faire des phrases. Avec même une phase où j’ai eu l’impression de ne plus savoir rien dire. Mais j’ai été impressionnée par la patience des autres : j’ai eu beau faire des suites de mots de façon très bancale, me stopper net en plein milieu de phrases faute de savoir comment les continuer et m’y reprendre à trois fois dans mes tournures pour sortir des trucs bizarre, buter sur des mots, mes interlocuteurs m’ont toujours écoutée patiemment jusqu’à ce que ça finisse par sortir (bon, j’ai tout de même eu régulièrement le droit à des « j’ai rien compris » où j’étais bonne pour recommencer mon explication laborieuse depuis le départ…).
    Malgré tout, personne ne m’a jamais coupé la parole ou dit de laisser tomber et j’en suis très reconnaissante !

    Quelles sont les équivalences des médicaments que nous utilisons en France ?

    Franchement, je ne sais toujours pas…
    J’ai toujours mes bouteilles françaises de Doliprane pour les enfants, mais nous n’avons pas été malades du tout cette année (d’habitude mes hivers sont des alternances d’angines blanches et de bronchites asthmatiformes et là RIEN pour la première fois de ma vie) et je ne vais pas m’en plaindre.

    Est-ce qu’on va se faire des amis ?

    Nous nous sommes fait des amis très rapidement. L’avantage de faire partie d’une minorité, c’est que ça rapproche ! Il y a une communauté de français à Jersey City, nous avons presque tous des enfants du même age, ce qui fait encore un point commun de plus, et nous nous sommes sentis intégrés tout de suite.

    Nous avons fait connaissance aussi avec des américains et autres non-francophones en invitant certains camarades des enfants à la maison pour discuter avec leurs parents. Nous avons ainsi rencontrés des personnes très sympathiques.

    Est-ce que les enfants seront rapidement bilingues ?

    Au bout d’un an, Buzz et Woody comprennent à peu près tout dans le contexte de l’école/centre aéré. Par contre, si ils entendent une conversation entre deux personnes dans la rue, ils ne comprennent pas, mais ça n’est pas gênant, ça ne va pas tarder à venir aussi.

    Ils arrivent à s’exprimer aussi. Leurs phrases ne sont pas parfaites, mais ils savent faire passer les messages qu’ils souhaitent à leur entourage, et leur accent est meilleur que le mien…

    Et moi, quand est-ce que je me sentirai parfaitement à l’aise en anglais ?

    Finalement, moi c’est un peu comme les enfants. Dans le contexte professionnel tout va bien, mais hors contexte j’ai du mal.

    Il y a un an, je ne comprenais jamais rien au téléphone et je faisais tout répéter au moins deux fois (parfois trois avant de m’avouer vaincue définitivement). Maintenant je comprends presque tout du premier coup.

    Parfois les gens se mettent à te parler, comme ça dans la rue pour te dire un truc. Quand ça arrive, comme je n’ai aucune idée du contexte, en général je ne pige rien. Pareil dans les endroits bruyants (même si c’est légèrement bruyants), je ne comprends toujours pas, ou alors je dois faire un très gros effort de concentration. Il y a encore du boulot à ce niveau-là.

    Par contre, j’ai fait des progrès impressionnants pour parler. Mon accent est bien meilleur, mes phrases sont fluides. Ça m’arrive encore de bloquer sur certains mots, mais de moins en moins souvent.

    Quels produits de consommation courante est-ce que je n’arriverai à pas trouver là-bas ?

    J’imaginais que le fromage allait nous manquer, mais non, parce que je n’ai aucun mal à en trouver. Dans notre supermarché il y en a plein (brie, camembert, roquefort, emmental, chèvre par exemple) et il y a une bonne petite boutique à Jersey City qui en vend d’autres complémentaire (reblochon, époisse, fourme d’ambert, comté, …). Alors certes le fromage est un peu plus cher qu’en France, mais on n’en manque pas.

    Sinon, sincèrement, je crois qu’on ne manque de rien du tout. Il n’y a pas un seul produit alimentaire qui me vienne en tête. Contrairement à ce que j’avais lu sur d’autres blogs, je n’ai aucun mal à trouver des yaourts normaux natures, de la pâte feuilletée ou des lardons.

    Pour le non-alimentaire, on n’a pas trouvé de pastilles d’eau de javel (quelqu’un sait si ça existe ici ?), mais sinon je ne vois pas…

    En fait, je crois plutôt que si un jour on rentre en France, ce sera plutôt des produits d’ici qui me manqueront (il faudrait que je fasse un article sur le sujet à l’occasion)

    Et à part ça

    Au bout d’une année complète dans la région new-yorkaise, nous pouvons dire que nous nous sentons très bien ici. Ce que j’aime le plus, c’est la diversité culturelle et le respect de chacun dans ses traditions/croyances/idées. Je crois que c’est quelque chose qui me manquait en France.